Les affections dermatologiques des reptiles sont des affections particulièrement courantes en captivité dont vous êtes très sensibles puisqu’elles modifient rapidement l’aspect esthétique de votre animal.
Petits rappels d’anatomie et de biologie
Les reptiles sont des animaux qui sont très tributaires de leurs conditions environnementales : température, luminosité, qualité de l’éclairage, hygrométrie, substrat. Ils ont tous une fourchette de température préférentielle, qui pour la plupart se situe entre 28 et 32°. Ces conditions de vie conditionnent leur état de santé et leur état sur le plan dermatologique.
Les reptiles ont un tégument très particulier. La peau est recouverte d’écailles kératinisées particulièrement solides qui remplissent une fonction protectrice. Elle est dépourvue de glande, ce qui explique l’aspect sec du tégument. Les reptiles sont des animaux dits à sang-froid et captent la chaleur de sources externes : la structure et la couleur du tégument joue un rôle essentiel dans l’absorption calorifique. Ce tégument a également un rôle sensitif, un rôle social, et un rôle dans la fabrication de la vitamine D3.
Chez les tortues, le derme est ossifié et est constitué d’une cinquantaine de plaques dites ostéodermiques. Ces plaques sont recouvertes en quinconce par des écussons de kératine, ce qui confère une grande solidité à l’ensemble.
Les reptiles muent, certains de façon plus spectaculaire que d’autres, c’est le cas des squamates, c’est-à-dire les lézards et les serpents. La mue des tortues aquatiques se manifeste par des filaments de gélatine qui flottent dans l’eau. Les tortues terrestres muent au niveau de ce que l’on appelle le T-shirt et le short.
Sur l’oeil des serpents, il y a une écaille complètement imperméable qui agit à la façon d’une lentille protectrice pour éviter la dessiccation de la cornée.
Les dermatites d’origine traumatique
Les dermatites d’origine traumatique sont la première cause de lésion dermatologique chez les reptiles. Elles sont souvent la conséquence de conditions environnementales inadaptées. En particulier, on rencontre des blessures chez les tortues aquatiques qui sont maintenues en captivité dans des conditions de surpopulation : l’eau étant souillée par les multiples déjections et les tortues se créant mutuellement des traumatismes, les plaies se surinfectent rapidement.
On rencontre fréquemment des morsures de chiens, des accidents domestiques (mauvaise rencontre avec une tondeuse à gazon, coup de pioche, chute d’escalier, attaque par des rongeurs), des morsures entre congénères lors de surpopulation…
Les parades nuptiales des mâles tortues peuvent également être responsables de lésions des écailles marginales de la carapace des femelles.
Il est également possible qu’un serpent n’ayant pas faim se fasse mordre par la proie qui lui a été destinée. Il faut donc préférer donner des proies fraîchement sacrifiées ou congelées.
Les brûlures constituent un autre type d’affection dermatologique traumatique chez les reptiles. C’est un postulat que de mettre une source de chaleur dans un terrarium, cependant les systèmes de chauffage (lampe, tapis, cordon chauffants) sont souvent surdimensionnés ou mal utilisés, sans couche de substrat suffisante par-dessus. Comme le serpent cherche la chaleur il va progressivement écarter de substrat et se trouver directement en contact avec le système de chauffage. En l’état actuel des choses, on ignore complètement comment un reptile peut rester en contact plusieurs heures sur ces systèmes de chauffage et se brûler jusqu’au troisième degré. Ce genre de brûlures n’existant pas dans la nature, et la recherche de chaleur étant tellement vitale à leur physiologie, ils ne sont pas programmés à se soustraire à ce type d’agression.
En cas de brûlures, il faut toujours reconsidérer le gradient de température à l’intérieur du terrarium : ces accidents arrivent souvent lorsque le point chaud est à 40° et le point froid à 21°.
Certains reptiles s’auto-mutilent sur les parois en verre en essayant vainement de sortir de leur terrarium : ils présentent alors des abrasions rostrales pouvant se compliquer d’abcès. Une parade à ces lésions est de concevoir des terrariums avec des parois opaques.
Enfin, l’urine des serpents étant particulièrement acide, il faut veiller à ce que le substrat des terrariums ne soit pas trop humide : un long contact sur un substrat mouillé peut entraîner une irritation importante de la peau.
Les dermatites d’origine bactérienne
Un certain nombre de bactéries peuvent créer sur la peau de vos reptiles des lésions dites de pyodermite. Elles peuvent prendre différents aspects (pustules, abrasions, rougeur du tégument, suintements) dont les plus graves peuvent être des ulcérations qui pourront se compliquer de septicémie. Encore une fois, ces dermatites sont souvent le reflet de conditions environnementales inadéquates. Par exemple, pour les tortues il est nécessaire d’avoir des filtres qui assurent une filtration de 10 fois le volume d’eau par heure, ce qui est bien supérieur aux filtres d’aquarium.
Des traitements antibiotiques par voie générale ou des traitements antiseptiques par voie locale peuvent être prescrits chez les reptiles. La gestion de l’environnement est également souvent à reconsidérer.
Les dermatites fongiques
Des champignons peuvent également coloniser la peau de nos reptiles. Ces affections sont souvent secondaires à une autre pathologie : abrasions, lésion traumatique. Dans ces cas, les traitements antimycosiques sont efficaces. Les traitements par voie générale doivent être utilisés avec précaution car ils sont toxiques pour le foie.
En revanche, il existe une mycose grave, provoquée par un champignon appelé CANV et qui atteint en plus du tégument, les organes internes. Cette maladie est à ce jour mortelle à 100 %.
Les dermatites virales
La virologie des reptiles en est à ses balbutiements : on découvre progressivement différents virus qui sont pathogènes pour les reptiles (papillomavirose, iridovirose, herpesvirose, poxvirose).
Les dermatites parasitaires
Il existe des tas de parasites externes chez les reptiles. La présence de tiques est fréquente mais elles sont difficiles à voir puisqu’elles miment facilement les écailles. La pseudo-gale des serpents est dûe à un acarien hématophage (Ophyonisus natricis) qui provoque une dermite prurigineuse et peut être vecteur d’autres agents pathogènes. On rencontre également des acariens de la famille des aoutats, des diptères (moustiques, taons), des larves de diptères (myases), des algues… Le traitement le plus efficace aujourd’hui et le moins toxique pour nos reptiles est l’utilisation du fipronil sur l’animal et dans le terrarium.
Les autres dermatoses
L’allergologie et l’otologie n’existent pas chez les reptiles. En revanche, comme dans les autres espèces, on peut trouver chez les reptiles, des tumeurs cutanées, des lésions iatrogènes, c’est-à-dire produites par une administration erronée de médicaments, ou encore un syndrôme appelé « syndrôme de fragilité cutanée acquise ». Il concerne les serpents très maigres, dont la peau peut se déchirer à la simple manipulation. L’origine de ce trouble n’est pas encore élucidée. Il est également rencontré chez le gecko léopard, sélectionné pour la teinte très claire de son tégument.
Les conditions environnementales sont primordiales chez les reptiles. La cause première des lésions dermatologiques chez les reptiles est traumatique. Pour certains traitements qui peuvent être longs il faut bien évaluer sa motivation et la possibilité d’administration des médicaments.
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