Le furet est un carnivore prédateur ; il présente des particularités morphologiques qui vont influer la composition de ses repas en captivité : une dentition spécialisée destinée à couper et broyer, un oesophage kératinisé (il peut avaler des aliments rugueux), un tube digestif court avec un temps de transit de 3 heures et une microflore peu développée (facultés digestives réduites). Il peut donc être caractérisé de « plus carnivore» que le chat.
L’alimentation du furet n’a pas fait l’objet d’études scientifiques sur le long terme. Cependant, l’expérience et le recul de certains scientifiques et/ou éleveurs vis-à-vis de cet animal nous apportent un certain nombre d’informations. Les avis actuels sont parfois contradictoires et souvent différents de ce qui était proposé il y a encore une décennie.
Les besoins nutritionnels de mon furet
De par ses particularités anatomiques et physiologiques, le furet a besoin de recevoir une alimentation de très haute qualité nutritionnelle.
Les protéines
La quantité de protéines apportée par la ration alimentaire doit être très importante : le taux de protéines doit être d’environ 35 %.
Cependant, ce pourcentage ne suffit pas à qualifier la qualité de la protéine et de l’aliment. Seules les protéines animales de haute valeur biologique sont une source correcte d’alimentation, et en particulier d’acides aminés, pour le furet. Or, les protéines de la plupart des croquettes de grandes surfaces sont des protéines d’origine végétale ou des protéines issues de sous-produits animaux et donc elles sont de faible valeur biologique.
Un apport récurrent en protéines végétales augmente le pH des urines de votre furet et peut provoquer l’apparition de cristaux ou de calculs au niveau urinaire. Les protéines végétales risquent également de déclencher des gastro-entérites, des troubles du pelage et de la peau et une mauvaise croissance des jeunes.
Les lipides (les graisses)
Les lipides sont une source importante d’énergie de la ration. Ils apportent les acides gras essentiels. Ils sont responsables du sentiment de satiété (régulation de l’appétit). De même que les protéines, les lipides doivent être de haute qualité (le gras de poulet est de haute qualité alors que le gras de boeuf est de faible qualité).
Une alimentation équilibrée pour furet doit contenir 20 à 30 % de matières grasses. Si elle en contient davantage, le furet sera plus vite rassasié et ne couvrira donc pas ses besoins en protéines. On peut donc également se référer au « rapport protido-calorique » optimal pour un furet (quantité de protéines divisé par la valeur énergétique) qui est de 88 g de protéines/1000kCal.
Par ailleurs, l’alimentation du furet doit contenir un acide gras essentiel pour lui : l’acide linoléique (0,5 % de la matière sèche totale).
Ces graisses sont sensibles à l’oxydation qui les détruit et donne l’odeur de rance (d’autant plus que les graisses sont de mauvaise qualité) ; il faut donc stocker l’aliment correctement : sous vide et à l’abri de la lumière. Pour lutter contre l’oxydation, certains aliments industriels contiennent de la vitamine E. Pour la fabrication des croquettes, de bons procédés, rapides et à partir d’aliments frais, limitent l’oxydation des graisses. À l’inverse, de mauvais procédés industrielsdégradent les protéines et dénaturent certains lipides.
Les glucides et les fibres
Bien que le furet adore les friandises sucrées, les fruits ou les légumes, les glucides et les fibres ont peu d’intérêt nutritif pour lui. Ils peuvent au contraire déclencher des diarrhées. En revanche, le lactose (sucre contenu dans le lait maternel) est indispensable à la croissance du jeune.
Minéraux
L’équilibre entre le calcium, le magnésium et le phosphore est important. La viande seule (muscle) contient peu de calcium et trop de phosphore : elle ne doit jamais être donnée en aliment exclusif à un furet. Le cas échéant, il faut lui adjoindre un complément vitaminé spécifique.
L’eau
La consommation journalière d’eau par les furets est de 75 à 100ml/jour. Elle doit être propre et régulièrement renouvelée.
L’alimentation de mon furet en pratique
Le premier élément d’une bonne alimentation du furet est une bonne distribution : comme le tube digestif du furet est court, il doit pouvoir bénéficier d’environ 9 à 10 repas par jour. Il sait très bien réguler son appétit, donc une distribution à volonté est possible. À l’inverse, une distribution en 2 ou 3 repas est déconseillée.
Différentes formules sont proposées : il est probable qu’aucune ne soit révolutionnaire et que toutes aient leur intérêt. En respectant les principes de la composition alimentaire, il est possible d’adapter la nutrition de son furet à ses envies, son mode de vie, aux besoins de son animal….
Alimentation ménagère et proies
La base de l’alimentation du furet peut être représentée par des proies entières (poussins de 1 jour, souris, cailles, carcasses de volailles…). Le furet consomme alors l’intégralité de la proie crue : muscles, os, peau, graisse, poils/plumes… Ce type d’alimentation recrée l’alimentation de l’animal « sauvage ». Il est complet. On variera cependant régulièrement le type de proies.
Il convient aussi de s’approvisionner chez des fournisseurs dont la rigueur et l’hygiène sont irréprochables (fournisseur des zoos et fauconneries, couvoirs) et ne surtout pas utiliser de proies mortes retrouvées n’importe où.
Ces aliments carnés ne contiennent pas davantage de parasites ou de bactéries que les aliments industriels. Ils ne contiennent pas non plus d’antibiotiques (les poussins mâles tués à l’âge de 1 jour après sexage n’ont eu aucun traitement). Les souris élevées pour l’alimentation n’ont eu aucun contact avec le milieu extérieur. Enfin, les viandes utilisées pour l’alimentation animale sont celles destinées également à la consommation humaine : elles ont donc été contrôlées.
On peut également se fournir en BARF (Bones And Raw Food) : sortes de steaks hachés congelés de carcasses complètes broyées. Un complément polyvitaminé est alors conseillé.
La conservation de ce type de ration sur la journée est parfois délicate.
Les aliments en conserve
Les aliments en conserve ne sont pas une alimentation à conseiller pour le furet.
Ils ont l’inconvénient de la conservation sur une distribution en libre service. Par ailleurs, une alimentation avec des aliments mous exclusivement accroît les risques de dépôt de tartre. Enfin, la plupart de ces aliments en conserve contiennent beaucoup d’eau (75 %) : ils ne permettent donc pas de couvrir le besoin énergétique des furets.
Ils peuvent cependant être utilisés ponctuellement, dans des cas particuliers : maladie, convalescence, gestation… Dans ce cas, on veillera à choisir des aliments contenant des matières premières de haute valeur biologique, en compositions adaptées aux besoins du furet. En général, les produits de grandes surfaces ne répondent pas à ces besoins.
Les croquettes
On a longtemps conseillé les croquettes comme alimentation de base des furets. Il s’agit d’une alimentation énergétique, équilibrée, adaptée à la bouche, ayant une action mécanique contre le dépôt de tartre et qui peut résister à l’air libre. Il y a encore les amateurs et les détracteurs de cette alimentation.
La praticité d’une alimentation en croquettes est indéniable. Cependant, si vous choisissez de nourrir votre furet avec des croquettes, il faut lui réserver des croquettes de haute qualité (animalerie ou vétérinaire, proscrire les croquettes de grandes surfaces). Les croquettes destinées aux chatons seront les croquettes les plus adaptées au furet ; les croquettes pour vison ou pour chiens ne répondent pas aux besoins du furet.
Ce qu’il faut éviter
Les friandises sont déconseillées mais elles peuvent être utiles dans les phases d’éducation, pour des récompenses. Les « huiles pour furet » sont inutiles lorsque l’alimentation de base est équilibrée ; elles peuvent être même dangereuses et créer des hypervitaminoses. La charcuterie est proscrite puisqu’elle contient beaucoup trop de sel. De même que pour les autres carnivores, le chocolat est toxique pour le furet.
Différents types d’alimentation sont possibles pour le furet (ménager, proies, croquettes). On peut varier les rations. Quels que soient les choix, l’alimentation du furet doit être d’origine animale, et de haute valeur biologique.