Vous venez d’apprendre que votre animal souffre d’insuffisance rénale chronique (IRC), votre vétérinaire lui a prescrit une alimentation diététique, mais pour quoi faire ?
Qu’est-ce que l’insuffisance rénale chronique ?
L’insuffisance rénale chronique (IRC) est la maladie rénale la plus fréquente chez le chien et le chat. La maladie est évolutive, irréversible mais un traitement correctement conduit peut apporter aux animaux atteints une bonne qualité de vie pendant plusieurs années.
Les causes de l’IRC sont parfois identifiables (anomalie congénitale, rein polykystique, trouble métabolique ou vasculaire, infection, intoxication, obstruction urinaire) mais chez l’animal âgé, l’IRC est dite idiopathique (sans cause décelable) et touche 10% des animaux.
Très schématiquement, lors d’insuffisance rénale chronique, le rein fonctionne à 20 voire 10% de ses capacités. Il ne peut plus concentrer les urines (ce que l’animal compense naturellement par une augmentation de la prise de boisson) et a du mal à excréter les déchets azotés (issus des protéines) et certains minéraux comme le phosphore. Ce phosphore en excès dans l’organisme est à l’origine de calcifications très néfastes des tissus mous (dont le rein). A l’inverse, l’animal perd en trop grande quantité certains minéraux comme le potassium, à l’origine de faiblesse, anorexie et vomissements.
> On parle de crise d’urémie lorsque le taux d’urée est très important et « intoxique » l’animal : abattement, anorexie, haleine très forte. Cet état nécessite des soins par perfusion pour drainer l’organisme. Au cours de l’évolution de l’IRC l’animal peut présenter plusieurs crises d’urémie, spontanées ou secondaires à une déshydratation n’ayant rien à voir avec la maladie rénale (diarrhée, coup de chaud, effort intense…).
Les objectifs de traitement de l’insuffisance rénale chronique
Le traitement de l’IRC comporte plusieurs volets. Le traitement spécifique ne peut être instauré qu’en cas de détection d’une cause, comme une infection rénale (antibiotiques). Le traitement conservateur vise à prévenir et réduire les conséquences de l’IRC et à ralentir la progression de la maladie : alimentation spéciale et au besoin perfusions et divers médicaments.
> L’alimentation est le premier outil de traitement de l’IRC.
Pourquoi donner une alimentation particulière, et laquelle ?
Un chien ou un chat atteint d’IRC doit toujours avoir accès à de l’eau potable renouvelée régulièrement. Même s’il boit beaucoup, il doit boire à volonté : ceci compense les émissions d’urines massives, évite la déshydratation et l’apparition de la « crise d’urémie ». L’eau peut également être apportée par l’alimentation : ration humide ou croquettes humidifiées.
L’alimentation diététique de l’animal en insuffisance rénale chronique vise à maximiser la qualité et la durée de vie par :
Le maintien d’apport de nutriments et d’énergie suffisant :
- Acides animés indispensables.
- Calcium.
- Vitamines.
Diminuer les déchets à traiter et les sources de substances toxiques pour le rein :
- Réduire le phosphore.
- Réduire les protéines mais utiliser des protéines de très bonne qualité (12 à 18% MS).
- Apporter peu de sel.
L’arrêt de l’évolution des lésions rénales :
- Molécules bénéfiques à la fonction rénale : acides gras poly-insaturés de la série Omega-3 (EPA/DHA), potassium.
- Nutriments bénéfiques pour stimuler l’appétit : protéines, lipides, zinc, sodium.
L’aliment idéal aura donc :
- Un apport calorique majoritairement apporté par les lipides. Des acides gras poly-insaturés de la série Omega-3 (et peu d’Omega-6) : huiles de poisson et huile de colza.
- Peu de fibres insolubles, juste pour assurer le transit.
- Peu de minéraux, seulement l’apport minéral essentiel.
- Peu de phosphore (moins de 1 g/Mcal), peu de sodium.
- Bon apport de potassium.
La formulation d’un tel aliment peut paraître un casse-tête, c’est pour cela que des laboratoires d’aliments vétérinaires ont formulé des croquettes ou des aliments humides qui répondent parfaitement à ces exigences.
Certains animaux rechignent sur l’aliment industriel, il existe quelques astuces pour stimuler l’appétit :
- Réchauffer l’aliment lorsqu’il est en boîte.
- Distribuer des petits repas, plus fréquemment et fraîchement réchauffés.
- Ajouter 1 ou 2 gouttes de sauce nuoc-mam à la ration pour augmenter la sensation de salé.
Pour les chiens ou les chats qui ne s’accommodent pas des aliments industriels, voici quelques exemples de ration (ils s’adaptent en fonction du poids de l’animal et du degré de sévérité de la maladie). (D’après Dr G Blanchard)
Demandez à votre vétérinaire de vous calculer le juste régime adapté à votre animal.
Pour un petit chien de 10 kg (IRC sévère)
Viande maigre | 60g |
Lentilles cuites | |
Légumes cuits | 33g |
Riz cuit | 12g |
Huile de colza crue | 12g |
Complément minéral et vitaminique | 4g |
Pour un gros chien de 30 kg (IRC modérée)
Viande maigre | 270g |
Lentilles cuites | 50g |
Légumes cuits | 150g |
Riz cuit | 210g |
Huile de colza crue | 36g |
Complément minéral et vitaminique | 10g |
Pour un chat
Viande maigre | 60g |
Lentilles cuites | 10g |
Légumes cuits | |
Riz cuit | 30g |
Huile de colza crue | 8g |
Complément minéral et vitaminique | 4g |
La viande parée, les abats rouges, le poisson, les produits lactés, les œufs, les levures et les concentrés protéiques de soja ont une bonne digestibilité et fournissent des hautes teneurs en acides aminés essentiels, en particulier en lysine et tryptophane.
Ces régimes ne s’appliquent qu’aux animaux souffrant d’une insuffisance rénale chronique : ils ne doivent pas être utilisés sur l’animal sain.
L’aliment est le premier outil de traitement de l’IRC : il est mis en place dès le diagnostic de la maladie et maintenu toute la vie de l’animal
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