Le jardin est un lieu d’exploration et de détente extraordinaire pour les chiens et les chats qui ont la chance d’y avoir accès. Mais il peut aussi se révéler une source de dangers. Plantes toxiques, engrais, matériel de jardinage, animaux venimeux…, nos compagnons courent au jardin des risques potentiels d’intoxication ou d’accidents graves. Pas de panique toutefois, des mesures de bon sens, identiques à celles prises pour la protection des jeunes enfants, vont permettre à nos compagnons de profiter pleinement des joies du jardin !
Les plantes et les fleurs
Certaines plantes et fleurs du jardin peuvent être responsables d’intoxications graves, potentiellement mortelles.
Mais dans la plupart des cas, les symptômes sont frustres et l’intoxication reste bénigne, soit parce que les quantités ingérées sont infimes (la plante a mauvais goût), soit parce que le végétal provoque immédiatement des vomissements qui favorise l’expulsion des toxiques.
Parmi les plantes les plus toxiques, on peut citer (liste non exhaustive) : le gui, l’hortensia, le laurier-rose et les lis. Sont modérément toxiques : le cactus candélabre, le Dieffenbachia, le houx, le philodendron, le rhododendron et le Poinsettia.
Selon les végétaux, les parties toxiques diffèrent : feuilles, bois, écorce, sève, bulbe, fleurs, baies, racines…
Les symptômes de l’intoxication apparaissent quelques minutes à quelques heures après l’ingestion. Les plus fréquents sont l’association salivation + vomissements + diarrhée. Les symptômes nerveux (sédation, tremblements, convulsion, coma…) ou cardiorespiratoires (hypotension, ralentissement du rythme cardiaque, arythmie…) sont plus rares.
Que faire ?
Que vous ayez vu votre animal mâchouiller une plante ou que vous suspectiez une intoxication, contactez le plus rapidement possible votre vétérinaire : donnez-lui le nom de la plante ingérée ou décrivez-la le plus précisément possible et essayez d’estimer la quantité ingérée. Surtout, n’essayez pas de faire vomir votre animal : si la plante est irritante, cela brûlera deux fois son tube digestif !
Préventivement, apprenez à reconnaître les végétaux toxiques et supprimez-les de votre jardin (ou empêchez l’accès des animaux à ces plantes).
Les produits phytosanitaires
On regroupe sous le terme de « produits phytosanitaires » les substances destinées à la protection des cultures : insecticides, raticides, souricides et taupicides, anti-limaces, corvicides (contre les corbeaux ou les corneilles), désherbants, débroussaillants…
Ces produits sont à l’origine d’intoxications graves dont les symptômes sont variables :
- Une salivation importante et/ou des troubles nerveux (convulsions, tremblements, incoordination des mouvements, perte de l’équilibre, agressivité, coma…) dans les minutes ou les heures qui suivent l’ingestion du produit.
- Des hémorragies internes apparaissant deux à trois semaines après l’ingestion.
> Le risque est en général précisé sur l’emballage par différents symboles : une tête de mort pour un produit toxique et une croix pour un produit irritant par contact, ingestion ou inhalation.
Que faire ?
Comme pour les végétaux, que l’intoxication soit avérée ou soupçonnée, contactez rapidement votre vétérinaire. Si possible, récupérez l’emballage du produit incriminé pour avoir la composition exacte du produit. N’essayez pas de faire boire du lait à votre animal : contrairement à une idée répandue, le lait n’est pas un contrepoison et favorise au contraire l’assimilation de certains toxiques !
Préventivement, gardez tous les produits phytosanitaires enfermés. N’utilisez pour votre jardin que ceux qui contiennent un répulsif pour chiens et chats, rendant leur goût amer. Cette mesure (d’une efficacité toute relative) ne dispense pas d’une extrême vigilance : éloignez les animaux des zones ayant été traitées au désherbant et placez les appâts (anti-rats, anti-fourmi, anti-limaces…) hors de leur portée.
Les instruments de jardinage
Les instruments de jardinage peuvent être extrêmement coupants : scie d’élagage, sécateur, tronçonneuse, tondeuse, coupe-bordure… et occasionner des blessures profondes voire l’amputation d’un membre.
La mesure principale de prévention est de les ranger dans un local fermé ou au moins de mettre une protection sur les lames. Ne laissez jamais, même pour quelques instants, un instrument branché sur une prise électrique.
> Attention aux chats qui ont tendance à se faufiler partout : rien ne sert de mettre à l’abri produits et matériels dans un local si vous y enfermez Minet en partant !
Que faire ?
- Une plaie non hémorragique sera traitée classiquement : nettoyage à l’eau et au savon, désinfection et pansement (compresses de gaze sous une bande).
- Si la plaie est hémorragique, il faut immédiatement faire un pansement compressif : appliquez sur la plaie, en exerçant une pression, des compresses de gaze stériles. Si les compresses s’imbibent de sang, ne les retirez pas pour les remplacer (elles contiennent des facteurs de coagulation nécessaires à la formation du caillot), mais rajoutez d’autres gazes par dessus. Si possible, immobilisez l’animal et surélevez la partie blessée. Normalement, l’hémorragie doit s’arrêter en 5 minutes ; laissez le pansement en place et consultez rapidement un vétérinaire. Si l’hémorragie ne s’arrête pas, c’est qu’une artère ou une veine sont touchées. Exercez alors avec la paume de la main une pression forte et directe sur les vaisseaux qui alimentent la plaie (au niveau des aisselles pour les pattes antérieures, au niveau des plis de l’aine pour les membres postérieurs et la queue) et rendez-vous de toute urgence chez votre vétérinaire.
- Si malheureusement, votre animal s’est sectionné entièrement un membre, ne cherchez pas à récupérer la partie de membre perdue, ce type de greffe est impossible en chirurgie vétérinaire ; faites une compression et allez le plus vite possible chez votre vétérinaire.
> Si vous posez un garrot, ne le laissez pas en place plus d’une heure.
Les animaux vénimeux
Abeilles, guêpes, chenilles processionnaires, serpents ou crapauds… le jardin abrite de nombreux animaux « dangereux » qui peuvent faire courir un risque à votre chien ou votre chat.
Les chenilles processionnaires (fréquentes en France au sud d’une ligne Lorient-Dijon) sont les larves d’un papillon Thaumetopoea pityocampa qui pond ses oeufs vers le milieu de l’été sur les aiguilles de pin. Leur éclosion se produit 30 à 50 jours plus tard. Les chenilles vivent en colonies. Au cours de l’automne, elles tissent en commun un nid soyeux blanc. A la fin de l’hiver ou au début du printemps, les chenilles quittent les nids en procession (d’où leur nom) et descendent s’enfouir dans le sol où elles subissent leur métamorphose pour se transformer en chrysalide puis en papillon. Les chenilles contiennent au niveau de leurs poils une substance nécrosante et urticante. Le plus souvent, les chiens et les chats s’intoxiquent en touchant les chenilles avec leur museau, voire en les prenant dans leur gueule. Les principaux symptômes sont logiquement une hypersalivation et un gonflement de la langue pouvant entraîner une gêne respiratoire sévère. Il arrive fréquemment que la langue se nécrose par la suite.
Que faire ?
Ne cherchez pas à enlever vous-même les poils urticants à la main, vous risquez d’aggraver les symptômes et d’être piqué vous-même. Vous pouvez en revanche mettre des gants et rincer la gueule de l’animal au jet d’eau. Consultez rapidement votre vétérinaire (une hospitalisation est souvent nécessaire). Préventivement, si vous résidez dans les régions concernées, faites appel à un professionnel pour détruire les nids dans les pins avant que les chenilles n’entament leur descente (mars au plus tard).
Les piqures de guêpes ou d’abeilles ne provoquent généralement qu’un petit gonflement bénin au niveau de la zone piquée (le plus souvent autour de la gueule : babine, truffe, langue, paupière…). En revanche, si le chien ou le chat est allergique, la piqure peut provoquer une réaction allergique spectaculaire (appelée « oedème de Quincke » : l’animal se met à gonfler de la tête et a du mal à respirer).
Que faire ?
Une consultation d’urgence s’impose si la piqure est mal placée (dans la gorge par exemple), si le gonflement persiste plus de 24 heures et bien sûr en cas de réaction allergique
Les serpents présents dans nos jardins sont rarement venimeux. Seules quelques vipères peuvent provoquer une morsure mortelle. En général, la morsure est douloureuse et le chien ou le chat hurle. Le lieu de la morsure (plutôt la truffe pour les chiens et les pattes avant pour les chats) est rapidement gonflé et rouge ; un examen attentif permet quelquefois de mettre en évidence les traces laissées par les deux crochets.
Que faire ?
Surtout, n’essayez pas d’aspirer le venin ou de poser un garrot ; appliquez plutôt une poche de glace sur la morsure et transportez rapidement votre animal pour une consultation d’urgence. Pour ne pas accélérer la diffusion du venin dans l’organisme, improvisez une civière (deux manches à balai et un blouson fermé font l’affaire).
Les crapauds sont des animaux très venimeux. Les chiens sont surtout sujets aux intoxications, en attrapant pour jouer les crapauds dans la gueule. Les symptômes sont essentiellement digestifs (salivation, vomissements…), quelquefois cardiaques ou nerveux.
Que faire ?
Une consultation en urgence s’impose, surtout pour les chiens de petite taille ou cardiaque.
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