La nutrition du chaton répond à une harmonie entre la croissance de l’animal, la qualité du sevrage, les restrictions alimentaires imposées par la castration pour éviter l’obésité et les mesures à prendre pour limiter les risques de maladies nutritionnelles.
La croissance du jeune subit de nombreuses influences depuis sa conception jusqu’à l’âge adulte. Le patrimoine génétique des parents, l’alimentation de la mère pendant la gestation, l’environnement utérin et le nombre d’embryons présents sont le point de départ de cette croissance. Après la naissance, la qualité de la mise-bas, le comportement maternel ainsi que l’alimentation de la mère jouent également un rôle. Avant le sevrage, l’alimentation du jeune, les facteurs sanitaires et les conditions d’élevage influent sur sa croissance. Enfin, du sevrage à l’âge adulte, la croissance du chaton est le reflet de son alimentation, de son état sanitaire et de son exercice.
Le pic de croissance du chaton se produit dans le ventre de la mère, ensuite sa croissance est quasi linéaire puis lente. Il est donc important de peser les chatons à la naissance, au 7e et au 15e jour. Le chaton nouveau-né double son poids en une semaine, puis entre 2 et 4 semaines, et entre 4 et 8 semaines. Avant le sevrage, la croissance pondérale est essentiellement le fait des qualités laitières de la mère, ensuite le potentiel génétique et l’alimentation interviennent.
Quel lait pour les chatons ?
Les besoins nutritionnels du chaton sont spécifiques : l’aliment doit contenir beaucoup de lipides et de protéines, des acides aminés en quantité élevée (en particulier : arginine, tryptophane, taurine) et des vitamines liposolubles A et D sous leur forme animale et non végétale.
L’aliment idéal du chaton est le lait de la chatte ou du lait maternisé pour chaton. Un sevrage alimentaire précoce n’entraîne pas de troubles de la croissance s’il est correctement mené (CF tableaux « planning alimentaires »). En revanche, le contact avec un animal adulte est nécessaire pour un développement comportemental correct du chaton.
Planning alimentaire pour un sevrage alimentaire à 7 semaines
Alimentation quotidienne | |
Semaine 1 | 7 biberons par jour |
Semaine 2 | 6 biberons par jour |
Semaine 3 | 5 biberons par jour |
Semaine 4 | 5 biberons par jour |
Semaine 5 | 4 biberons par jour |
Semaine 6 | 2 biberons par jour + nourriture solide |
Planning alimentaire pour un sevrage précoce
Alimentation quotidienne | |
Du 1e au 7e jour | 7 biberons par jour |
Du 8e au 14e jour | 6 biberons par jour |
Du 15e au 21e jour | 5 biberons par jour |
Du 22 au 28e jour | 3 biberons par jour |
Du 29e au 31e jour | 3 biberons par jour + alimentation solide |
A partir du 32e jour | nourriture solide |
En substitution du lait maternel, des compositions ménagères sont possibles : elles vous sont présentées dans les tableaux qui suivent.
Recettes pour substituer le lait maternel pour des chatons
Substitution du lait maternel | En urgence | « Cat Milk Shake » |
Lait de vache à 1 % : 600 g | Lait concentré non sucré (Gloria) : 200 ml |
Lait de vache entier : 200 ml |
Jaune d’oeuf : 20 g | 1 jaune d’oeuf | Oeuf mollet : 50 g |
Lait écrémé caillé : 190 g | Complément minérale et vitaminique Ca/P=3 : 4 g |
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Boeuf maigre haché : 90 g | ||
Huile de soja : 30 g | ||
Complément minéral et vitaminique Ca/P=3 : 10 g | ||
Distribuer 25 à 30 ml/100 g de poids maximum : 100 ml par jour |
Distribuer 25 à 30 ml/100 g de poids maximum : 100 ml par jour |
Mixer le tout Distribuer 25 à 30 ml/100 g de poids maximum : 100 ml par jour |
La tolérance au sucre et à l’amidon est faible dans les premières semaines qui suivent le sevrage, d’autant que celui-ci est précoce. Certains chats, dits sensibles, vont moins tolérer l’amidon que d’autres. En sevrage précoce, l’alimentation introduite doit contenir de faible proportion d’amidon.
Au sevrage le chaton acquiert ses préférences alimentaires
Le sevrage est une étape clé dans la vie du chaton qui doit le rendre autonome vis- à-vis de la nourriture et facile à nourrir. C’est à ce moment-là que la diversité alimentaire peut s’installer. Il est établi que le chaton apprécie ce que sa mère a consommé ou ce qu’il consomme en présence de sa mère. On a pu ainsi habituer des chatons à manger des aliments inhabituels (purée de pommes de terre et banane !) si la mère mange cet aliment ou si le chaton en mange en présence de la mère. De plus, les chatons préfèrent l’aliment avec lequel ils ont été sevrés et une fois adulte, le chat garde cette empreinte.
Cependant, le chat reste flexible et peut accepter des changements toute sa vie s’ils sont progressifs et par petites quantités. Tous types d’alimentation peuvent être proposés aux chats : un aliment complet sec ou humide, une alimentation mixte (Petfood avec viande/poisson) ou une ration ménagère. Un régime tout viande n’est pas adapté à la croissance du chaton (ni au chat adulte) ; il faut nécessairement lui ajouter un complément minéral et vitaminique adapté au chaton dans des proportions correctes. En effet, la viande que nous proposons à nos chats est constituée de muscles et présente un déséquilibre en minéraux, en apportant beaucoup trop peu de calcium par rapport au phosphore. Dans la nature, le chat chasse des proies et consomme avec la viande, les os, les poils, les abats, ce qui rétablit cet équilibre minéral.
Répondre à la diminution du besoin énergétique post castration
La castration du chat (mâle et femelle) est un tournant décisif dans sa croissance puisque cette opération va bouleverser sa sensation de satiété et son besoin énergétique. Pour une même activité physique et un aliment identique, il faut donner de 20 à 30 % de moins d’alimentation à un chat stérilisé. En effet, il n’est pas rare de constater un surpoids (excédent pondéral de 10 à 15 %), voire de l’obésité (tous les chats mâles de race « classique » pesant plus de 6kg, et toutes les femelles pesant plus de 5kg) chez des chats stérilisés.
Le moyen de lutter contre ce surpoids est de restreindre pendant au moins 18 semaines après la stérilisation la quantité d’énergie (alimentation) distribuée à son chat. S’il est possible de nourrir le chaton à volonté jusqu’à la castration, il lui faut, après stérilisation, une alimentation distribuée en de multiples petits repas, en quantité mesurée et limitée, humide et sèche permettant d’augmenter le volume ingéré. De nombreux outils sont actuellement disponibles pour diminuer la vitesse d’ingestion (Pipolino ND, gamelles « pièges », distributeurs journaliers…)
Une ration équilibrée doit contenir 40 nutriments
Tous les mélanges alimentaires sont possibles mais il faut maîtriser le risque constant de surconsommation et donc de surpoids. Différents repas peuvent être proposés aux chats, les quantités doivent être adaptées à chaque cas, en fonction de la morphologie du chat et de son activité : votre vétérinaire vous indiquera les proportions de chaque élément de ces différents régimes en fonction de votre chat.
Exemple de rations alimentaires mixtes pour un chat
Aliment complet sec ou humide + viande/poisson maigre + huile de colza + légumes + riz cuit + complément minéral et vitaminique |
Aliment complet + légumes (haricots verts, carottes, courges) |
Aliment complet + yaourts ou fromage ou lait (max 20 ml/kg/j) |
Aliment complet + légumes + yaourts ou fromage ou lait (max 20 ml/kg/j) |
Aliment complet + viande ou poisson maigre + complément minéral et vitaminique |
Des nutriments essentiels : acides aminés et acides gras
La taurine est un acide aminé essentiel dans la croissance du chaton, c’est-à-dire que le chat ne sait pas fabriquer la taurine et que cet élément doit être quotidiennement présent dans son alimentation. Une carence en taurine dans l’alimentation d’une chatte entraîne des chatons peu viables, et un chaton dont l’alimentation ne contient pas de taurine subit une dégénérescence de la rétine en trois mois et une pathologie cardiaque en cinq à six mois.
Les recommandations chez le chaton sont de 10 à 30 mg/kg/j de taurine. La taurine doit être incluse en grande quantité dans les aliments industriels car une grande partie est dénaturée par les processus de fabrication (aliments secs : 1200 ppm ; humides : 2500 ppm) ; dans une ration ménagère, il n’est souvent pas nécessaire d’en ajouter sauf si les protéines viennent uniquement de poisson en boîte.
Nous rappelons qu’il ne faut pas donner de crevettes en conserve : elles contiennent de l’acide benzoïque, conservateur antimycosique, qui est toxique pour le chat. En revanche la consommation d’1 à 2 queues de crevettes décortiquées fraiches ou congelées est occasionnellement possible.
Les acides gras (acide linoléique, acide linoléique, acide arachidonique, EPA, DHA) doivent être présents qualitativement dans l’alimentation du chaton. On les retrouve dans certains aliments complets pour chaton, dans l’huile de colza ou l’huile de soja, dans la viande et les poissons, ainsi que dans les huiles de poisson. L’huile de foie de morue ne convient pas à l’alimentation du chaton : elle est trop riche en vitamines A et D. Les préparations à base d’acides gras doivent être conditionnées dans des flacons à pompe hermétiques ou en gélules. Le cas échéant, les acides gras sont oxydés donc inefficaces.
Une bonne croissance du chaton est sous-tendue par une bonne alimentation, avant et après le sevrage. La composition des aliments industriels est très variable en fonction des fabricants ; la qualité (et donc le prix) des aliments « complets » réside dans la qualité des matières premières et dans l’ensemble des compléments vitaminiques et minéraux incorporés en juste valeur qualitativement et quantitativement.
Le sevrage est un moment clé dans la vie du chaton puisqu’il gardera les habitudes alimentaires acquises à ce moment là. Un sevrage défectueux peut entraver la bonne harmonie avec ses propriétaires. La gestion alimentaire du chaton nécessite des compétences, du bon sens et une adaptation du régime et du rythme alimentaire à chaque situation. Demandez conseil à votre vétérinaire.
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